[00:00:00] Maintenant, pour que vous puissiez appréhender, comprendre ce qu'est exactement l'engagement cognitif -c'est un des engagements fondamentaux pour parvenir à apprendre, je vais vous expliquer de façon très simple, très grossière, très vulgarisée mais tout de même exacte scientifiquement, comment cela fonctionne exactement la mémoire.

En effet, quand on comprend comment cela fonctionne, il est beaucoup plus facile d'être en mesure de faire les bonnes choses dans le bon ordre, parce que l'on sait ce que l'on fait. D'ailleurs, j'ai déjà parlé préalablement de métacognition. La métacognition, c'est comprendre comment on apprend. Pour moi, enseigner cela le plus tôt possible à l'apprenant est fondamental parce qu' immédiatement, par le fait même de comprendre lui-même comment il fonctionne, l'apprenant va s'engager beaucoup plus rapidement et beaucoup plus efficacement.

Alors, voici en gros de façon très très très large [00:01:00] le processus de mémorisation. Ce n'est pas un processus qui est unique et commun à tous les êtres humains de la planète.

Alors comment cela fonctionne-t-il ? Dans un premier temps, on a plein de neurones dans le cerveau. Puis quand on mémorise, que l'on apprend quelque chose, que fait-on ? En fait, c'est que l'on est en train de créer de nouveaux réseaux de neurones. On est en train de faire en sorte que des neurones qui n'étaient pas attachés ensemble, s'attachent ensemble, tout simplement. Et c'est tout ce réseau-là qui représente en fait le nouveau souvenir que l'on a.

Comment parvient-on à faire cela? La première étape est que l'on va percevoir de l'information de façon externe par le biais de nos cinq sens. La plupart du temps en neurosciences, on parle de cinq sens, mais on sait maintenant qu'il y en a sept et selon certains scientifiques, beaucoup plus. Nous avons les sens dont nous parlons toujours pour percevoir adéquatement, parce que l'on ne peut pas [00:02:00] mémoriser si les sens ne sont pas en mesure d'appréhender la réalité de façon adéquate.

On peut éliminer un sens. Je pourrais éliminer la vue et tout de même mémoriser très bien, mais il faut que les sens utilisés soient utilisés de la façon la plus adéquate possible. Si je veux utiliser la vision, je vais m'assurer que la lumière est adéquate, que j'ai des lunettes, que j'ai tout ce qu'il faut pour pouvoir l'utiliser correctement. Le goût, on l'utilise pas tant que ça, c'est certain. Mais les madeleines de Proust peuvent nous plonger directement dans des souvenirs que l'on a déjà eus. L'audition, le toucher et l'olfaction. Les odeurs sont d'ailleurs quelque chose que l'on mémorise très, très facilement, puis dont on se souvient hyper précisément tout au long de notre vie.

Si j'avais pu en ajouter, j'aurais pu ajouter par exemple le sens vestibulaire pour savoir où je me trouve en trois dimensions ou la proprioception, attraper les choses. Le [00:03:00] système vestibulaire est essentiel au niveau de la perception parce que cela crée une espèce -on le voit ici, d'effet tunnel, c'est-à-dire que quand on utilise le système vestibulaire qui est situé dans l'oreille interne, cela permet justement de nous situer en trois dimensions dans l'espace mais aussi quand on se balance ou que l' on marche en rythme. On va voir que physiquement, ce sont des façons de s'engager qui changent tout dans l'apprentissage. C'est donc ce système-là que l'on utilise, il demeure important.

Ensuite, une fois que l'on a reçu de l'information par le biais de nos sens, on va dans notre tête, essayer de faire du sens, de la visualiser, de créer un sens avec tout cela. Une fois que cela est fait, on va tenter tout au long de l'apprentissage de maintenir cette attention-là pour percevoir, visualiser et encoder. Encoder, ça veut dire quoi? Cela veut dire traduire pour [00:04:00] que je le comprenne super bien, pour que je sois en mesure de faire du sens. Si on regarde deux éléments déterminants dans l'encodage, c'est qu'il ne faut pas voir pour regarder, il ne faut pas entendre pour écouter. On en a parlé précédemment dans la première porte, la porte de l'attention. Il faut porter attention, il faut être présent. Si on n'est pas présent, on n'est pas en mesure d'encrypter, d'encoder, c'est-à-dire de prendre l'information que j'ai reçue par mes sens, de faire du sens avec elle en l'imaginant et de la positionner au bon endroit pour que mon cerveau soit capable de la retenir. Une fois que l'encodage est fait, on va vraiment passer du temps sur l'encodage, l'encryptage, parce que c'est fondamental. Si je ne passe pas du temps sur cette étape, cela ne sert à rien de continuer. Je ne retiens pas. Ensuite, bien évidemment, une fois que je l'ai traduite pour qu' elle fasse sens pour [00:05:00] moi, mon cerveau va recevoir cette information-là bien encodée et il va l' intégrer, l'interpréter. Une fois que cela est fait, il va se poser la question: "est -ce que je retiens pour quelques secondes où cela vaut-il la peine de le retenir à plus long terme?". Une fois qu'il aura déterminé la réponse -parce que s'il juge que ce n'est pas important, il va l' oublier tout simplement puis on ne fait plus rien, s'il juge que c'est important, alors l'attention rentre en jeu. On en a beaucoup parlé dans l'attention, il faut que les choses fassent sens. Il fallait, pour que les étudiants portent une attention, leur expliquer en gros ce que l'on va apprendre. Il faut leur vendre l'information, leur dire pourquoi c'est important pour eux, pourquoi ils devraient apprendre cela, à quoi cela va leur servir.

Alors le fait de parler des bénéfices -quelque chose que je répète constamment en parlant d'attention, de déterminer les objectifs de la leçon, ça sert à cela. Parce que si on ne fait pas ça pendant la période de l'attention, et bien au [00:06:00] niveau de l'engagement, le cerveau va dire : "j'oublie tout, ça ne sert à rien, ce n'est pas utile".

C'est pour cela qu'il s'agit vraiment de quelque chose de critique et d'important. Une fois que le cerveau va dire "oui, c'est important", effectivement, c'est là qu'on va tenter d'entreposer. On a une mémoire par les sens. On a tout ce qui est mémoire à court terme, mais si on veut le retenir vers la mémoire, l'envoyer vers la mémoire à long terme, il va falloir répéter. Il va falloir faire ce dont j'ai parlé tantôt: faire du sens, faire des blocs d'informations pour qu'il y en ait moins à retenir, mettre de l'émotion etc., ce qui va me permettre de l'entreposer adéquatement. Mais je vais l'oublier. Alors, si je ne veux pas l'oublier, mais plutôt le retenir à long terme, je vais vraiment devoir faire deux types d'efforts. Un effort justement pour l'imprimer plus profondément, ce chemin neurologique- là, et aussi un effort pour que ça soit facile à récupérer. Et ça, ce n'est pas quelque [00:07:00] chose d'évident. C'est-à-dire que si je vous demande à brûle pourpoint : "nommez moi trois villes d'Australie, allez-y!", essayez, engagez-vous cognitivement et tentez de répondre à la question. Nommez moi, trois, trois des plus grosses villes d'Australie. Pas évident. Vous l'avez sur le bout de la langue, vous savez que vous le savez, mais la troisième est difficile à trouver. C'est justement pour cela que la récupération de l'information est critique. On peut savoir quelque chose, savoir que l'on sait, mais ne pas être capable de la trouver dans le cerveau. Alors à ce niveau-là, la récupération est critique, parce que même si vous connaissez les villes et probablement que si je vous nomme des villes d'Australie sans vous dire qu'elles sont en Australie, vous allez vous en souvenir automatiquement. Si je vous dis [00:08:00] Sydney, Melbourne, Adélaïde, vous allez probablement les associer à des villes d'Australie.

Pourquoi n'êtes-vous pas capable d'aller les retrouver? C'est que votre information est efficace pour se souvenir dans un sens, mais pas dans l'autre. Donc ça, c'est critique au niveau de l'encodage d'être capable de s'en souvenir aller et retour. Ainsi, pour passer à la mémoire à long terme, il faut s'assurer que l'évocation est efficace.

Qu'est-ce que l'évocation? Il s'agit de la manière dont on se souvient exactement. Il y a des gens qui ont un processus, une image qui va apparaître dans leur tête. Après cela, il y a une petite voix qui va dire ce que c'est, ils vont s'en souvenir? Il y en a d'autres qui vont plutôt se souvenir d'une situation du moment où ils ont retenu l'information, puis ils vont comme entendre dans leur tête l'information. Chaque personne va vraiment avoir des chemins, des évocations différentes. On va les approfondir ultérieurement, mais c'est important de comprendre son propre [00:09:00] chemin d'évocation. Dans ce cours de base, vous allez voir en général comment faire. Dans le cours de coaching plus avancé, vous allez vraiment apprendre à comprendre chez l'apprenant son chemin d'évocation pour l'aider à l'optimiser ou l'aider à comprendre comment il pourra retourner chercher une information qui est quelque part dans son cerveau.

Je dois donc être en mesure d'évoquer le plus efficacement possible. Je dois traiter les informations efficacement, ensuite, plus je vais avoir des liens et des contextes, plus il va être facile de mémoriser à long terme. Une fois que j'ai l'information, je dois créer une espèce de réseau avec elle, je dois l'imbriquer et l'associer avec plein de nouvelles choses. Je dois l'associer à des choses qui existent déjà dans mon cerveau, créer de nouveaux liens entre cette nouvelle information et des choses existantes. Puis, après, une fois que [00:10:00] l'information est bien acquise dans mon cerveau, je dois tenter de l'associer à de nouvelles choses.

Je dois la réactiver d'une certaine manière. Je dois la manipuler, la mettre en contexte pour pouvoir l'utiliser à chaque fois que j'en aurai besoin. Enfin, pour la récupérer, bien souvent, le fait qu'il s'agisse d' une information originale, mémorable, quelque chose de spécial et singulière, va me permettre de mieux la retenir. Le contexte dans lequel je l'ai aussi apprise ou le moment où je vais devoir l'utiliser sont hyper importants.

Pour aider la mémoire à long terme à engraver, à graver l'information dans la mémoire, je vais faire le plus d' association possible. Je vais tenter de visualiser, donc, de me faire des représentations mentales de façon régulière et idéalement, la meilleure façon d'utiliser d'envoyer l'information dans la mémoire à long terme, c'est tout simplement de [00:11:00] la réenseigner. Ce chemin-là, c'est le chemin de la mémoire, très simplifié mais tout de même exact. Il faut vraiment bien comprendre. C'est comme cela qu'on peut comprendre pourquoi la porte de l'attention est si critique.

À la suite de cela, pourquoi va-t-on utiliser dans l'engagement des techniques, pourquoi va-t-on travailler de la manière dont on travaille? Pour pouvoir finalement avoir accès à l'information, la mémoriser à long terme, mais aussi pouvoir la récupérer à chaque fois que j'en aurai besoin, même si c'est dans quinze ans.

Alors maintenant, une fois que l'idée générale a été faite, j'aimerais que l'on se penche sur cette partie-là, autrement dit l'encodage. On peut l'appeler encodage ou encryptage. C'est la manière dont je vais traiter, transformer, utiliser l'information pour pouvoir la retenir, pour pouvoir la comprendre, pour pouvoir aller la stocker au bon endroit dans le cerveau.

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