[00:00:00] Quand on parle de l'engagement cognitif, il y a comme un élément essentiel et fondamental, c'est que l'on se demande pourquoi l'on s'engage cognitivement. Dans un premier temps : pour comprendre. Puis après cela, on peut apprendre.

J'ai déjà abordé plusieurs techniques pour pouvoir mieux comprendre, puis on les a explorées.

Si vous regardez ici dans les techniques que l'on a découvertes pour pouvoir mieux comprendre, il y a les "voyages Amélio", vous avez même eu la chance de faire un voyage sur la rétroaction.

Le mind mapping est vraiment un outil de compréhension absolument formidable. Le mind mapping peut fonctionner aussi avec plein de graphiques, de tableaux, d' organigrammes. Ce sont des formes d'organisateur, qui vont avec les mind maps dans ma tête.

On a aussi vu avec la dernière technique que mobiliser l'imagination est une façon extraordinaire pour mémoriser et pour comprendre quand on remonte le fil d'un livre ou de ce que le professeur a raconté. On fait un [00:01:00] film avec, puis on fait du sens. Cela permet de comprendre de façon beaucoup beaucoup, beaucoup plus claire.

Je vous dirai que l'outil par excellence pour pouvoir comprendre de la manière la plus efficace, simplifiée et facile, est d'utiliser des fiches de Feymman. Alors sur le mind map, elles sont juste ici. À quoi servent des fiches de Feymann? À clarifier, à simplifier tout simplement.

En quoi est-ce différent d'un mind map? Dans un mind map, on a généralement des mots uniques et des symboles. Généralement, on va partir d'une idée centrale. Puis on va créer des branches, une arborescence à partir de tout cela, mais quand il s'agit de la fiche de Feymman, je n'ai pas ces obligations à accomplir.

En fait, c'est beaucoup, beaucoup plus simple dans la façon de procéder.

D'où vient [00:02:00] cette idée ? D' un docteur. Le docteur Richard Feymman est un scientifique phénoménal. On l'associe généralement à plein de découvertes au niveau de la physique quantique. C'est pour cela qu'il est reconnu, parce qu'il a enseigné à l'université, et a écrit plein de traités en physique quantique.

Mais on le reconnaît aussi comme l'un des meilleurs pédagogues de l'histoire. Feymman a développé une méthode pour presser l'information et réussir à supprimer tout ce qui n'est pas nécessaire, pour ne conserver que la quintessence que l'essentiel, d'une simplicité sans borne. Ce qu'il a fait exactement, c'est qu'il a procédé couche par couche pour dire: "je prends quelque chose d' incroyablement compliqué, j'en fais une espèce de mind map, je schématise, j'essaie de le comprendre. Et puis une fois que cela est fait, [00:03:00] je vais encore le simplifier, l'épurer, je vais l'apprendre et je vais l'enseigner à un enfant de sept ou huit ans. Je vais voir ce qu'il comprend et ce qu'il ne comprend pas. À cette lumière, je vais aller rectifier ma fiche, je vais aller me documenter sur les éléments pour lesquels il m'a posé des questions, dont je ne suis même pas capable de répondre parce que ce n'est pas assez clair dans ma tête. Je vais aller me redocumenter. Je vais retourner étudier, poser des questions, réfléchir. Je vais simplifier, je vais la représenter à nouveau [la fiche]".

Je vais faire cet aller-retour là, jusqu'à ce qu' avec cette fiche, je sois en mesure de répondre à toutes les questions d'un enfant de huit ans et que lui, avec simplement l'explication de la fiche, il soit capable d'appréhender un concept aussi compliqué que la physique quantique. Cela paraît très complexe, voire quasi impossible [00:04:00] a priori. Mais honnêtement, quand je le fais ou quand je l'enseigne à des gens, dès que les gens essaient de faire cela, ils se rendent compte que : non, ce n'est pas si compliqué.

Oui, ça demande de l'engagement cognitif. Oui, il faut se creuser les neurones. Il faut aussi mettre un petit peu son ego de côté quand on n'est pas capable de répondre à une question d'un jeune enfant -je veux dire que ce n'est pas super agréable de s'en rendre compte, mais cela permet quand même de pointer du doigt toutes les faiblesses de notre explication.

Avec la fiche de Feymman, après, on peut faire une fiche de Feymman d'un élément, d'une fiche de Feymman, c'est-à-dire que je peux zoomer, entrer de plus en plus profondément dans les détails d'un détail de la fiche.

Première étape, c'est d'avoir une vue globale et que toutes les informations soient là.

Je n'ai pas besoin d'avoir des mots uniques, je peux donc faire des phrases entières. Dans les fiches de Feymman, on va souvent retrouver des [00:05:00] graphiques, des tableaux et des diagrammes. On va pouvoir avoir des choses à l'ordinateur, des choses écrites à la main, des annotations, on va souligner, structurer, mettre des flèches, on va vraiment créer quelque chose. Alors dans la fiche de Feymman, il y a beaucoup plus de mots, souvent que dans un mind map. Cela est plus complexe, certes, mais on tend quand même à résumer une certaine information à sa plus simple expression. On s'entend que "la plus simple expression" n'est pas la même chose pour un étudiant qui est en première année de primaire, que pour un étudiant qui est à l'université par exemple. Ce n'est pas la même chose non plus pour un expert dans un domaine, que quelqu'un qui veut juste se familiariser de façon générale avec le domaine. Mais l'important est vraiment de se dire : "je prends mon concept et juste avec ce support-là, je peux le communiquer d'une façon si simple, que tout le monde va [00:06:00] comprendre".

Par exemple, si je voulais faire une fiche de Feymman pour une règle de grammaire -une très très simple comme devant un p et un B, le N explose et devient un M. Je pourrais créer une fiche de Feymman, faire une explosion. J'ai mon M, j'ai mon P, j'ai mon B. Ensuite, je pourrai faire une zone où il y a plein d'exemples et je pourrai catégoriser ces exemples par des sous-règles ou par groupes de mots. Je vais évidemment aussi pouvoir faire un groupe de mots qui ne répondent pas à la règle. Dans ce cas-là, par exemple : bonbons, bonbonnière, bonbonnes, embonpoint. Quatre mots, ce n'est pas beaucoup, mais je vais les mettre en valeur dans un autre endroit, et je vais faire un contre-exemple, le contraire. Je vais aller chercher tous les autres mots, je vais mettre un bloc où il y a des exemples de mots dans lesquels il n'y a pas de P ou de B devant le N, donc il [00:07:00] reste un N tout simplement.

Je vais assembler ces informations de façon cohérente pour que, quand un enfant prenne la fiche, je puisse lui dire "Voici une fiche qui va te donner des indications sur une règle fondamentale en orthographe : quand il y a un N puis un P un B devant le N, le N explose puis devient un M". Il faut les apprendre, il n'y a rien à comprendre, c'est de la mémorisation pure mais en ayant organisé l'information, c'est beaucoup plus digeste.

Est-ce que j'ai besoin de faire une fiche de Feymman pour cela ? Pas nécessairement. Mais très très rapidement, dès qu'on augmente en degré de complexité, cela devient nécessaire. Alors je vais vous donner des exemples de fiches de Feymman pour que vous compreniez ce qu'il en est exactement.

Alors tant qu'à parler en français, voici une fiche de Feymman que j'utilise très souvent en français.

Chez Amélio, nous avons une grammaire particulière qui est associée à toute une histoire. Alors on illustre la grammaire par des objets en trois dimensions. [00:08:00] Alors, par exemple, une conjonction, pour nous, c'est un pont dans l'histoire -pont qui a toute une histoire. L'objet, lui, est un bloc en trois dimensions qui a tout simplement la forme d'un pont.

Ici, on a donc l'image visuelle. On a la conjonction, on a sa fonction. On a des exemples avec les deux différentes familles de conjonction. Il y a des éléments visuels. On remarque aussi que la conjonction est dans une classe de mots invariables. En fait, toutes les formes de mots invariables sont en jaune, alors c'est facile de s'en souvenir.

Toutes les informations critiques pour pouvoir comprendre la grammaire se retrouvent là-dessus. Toutes les catégories, toutes les classes -quand on parle des classes de mots. Mais là-dessus, jusqu'à la fin du secondaire, tout ce que l'on a besoin de savoir est là. Et quand je présente cette fiche, je leur dis : d'ici à ce que vous atteignez l'étape du secondaire , voici ce que vous allez devoir savoir. Ce n'est vraiment pas très [00:09:00] intimidant". Ils se disent : "oui, je vais passer huit ans sur la même feuille mais je vais être capable de faire ça rapidement. Ça va être facile.".

C'est cela, la beauté d'une fiche de Feymman, c'est qu' elle formate le cerveau. Elle permet de délivrer une grande quantité d'information déjà prédigérée, plein d'enzymes là-dedans! Cela a été bien digéré et bien simplifié. Même si j'explique les classes de mots, à une grand-mère, ou à un enfant très jeune, je n'entrerai peut-être pas dans le même niveau de détail, mais tout va être là. Il va être en mesure de comprendre entièrement ce que je vais lui décrire. Si j'essaie de lui décrire une conjonction, oui, il va faire le lien aussi, mais c'est difficile à appréhender. Toutefois, de dire que c'est un pont, que je vais lui donner la forme du pont-là, il fera le pont entre deux mots, entre deux groupes de mots ou entre deux phrases. Et ça, c'est une conjonction.

Et après cela je vais entrer dans les niveaux de détails. Il va relier des mots. On peut dessiner un pont entre les deux [00:10:00] phrases, mettre des exemples ici. Ça devient simple, ça devient clair, ça devient facile.

Alors ça vous donne une première idée? Je vais vous en montrer un autre dans une de mes matières de prédilection, la chimie.

J'ai étudié ça à l'université et j'adore la chimie. Pour vous donner une autre vision d'une fiche de Feymman : j'ai une nouvelle fiche en chimie. J'ai déjà enseigné la chimie en sciences-physiques au secondaire quatre, et comme je vous ai dit, cela se résume en bien peu de choses au bout du compte.

Alors ça, c'est une fiche de Feymman dont je suis très très fière, parce que la quantité d'information, si on comprend tout cela, on comprend vraiment l'aspect chimie du cours de sciences -physiques du secondaire.

Donc j'ai l'histoire de ma chimie, mes différents modèles. J'ai ensuite évidemment le tableau périodique avec plein de détails. Pour moi, toute la première colonne, ce sont des atomes qui ont un bras. Deuxième colonne, deux bras, troisième colonne, trois bras, quatrième colonne [00:11:00] quatre bras etc. Ici, j'ai une colonne ou mes pauvres petits bonhommes n'ont ni bras ni rien. Première colonne vers la gauche ensuite, ils ont un trou, deux trous, trois trous. Avec la chimie, en gros, les bras vont se mettre dans des trous, les trous dans des bras. Quand tous les bras et tous les trous sont occupés, on a gagné! C'est assez simple. Autre élément, comme vous le voyez il y a l'attirance ici. Un grand mot: c'est l'électro-négativité, mais c'est aussi l'attirance. Alors plus je monde dans le tableau périodique, plus mes bras vont vouloir s'attacher à des trous rapidement, plus efficacement. Et plus ils sont attirés par les trous et plus on va vers la droite aussi. Donc tout simplement, ce que j'ai à faire, c'est simplement d'associer les bras et les trous. Et quand on explique cela aux jeunes, ils comprennent étrangement très, très, très, très rapidement. Ils deviennent excellents pour rassembler les atomes , parce que les atomes, pour eux, deviennent simplement une histoire d'amour, alors ça devient très simple.

Aussi, on [00:12:00] voit sur cette fiche que j'ai des propriétés physiques, des propriétés chimiques, des éléments. Ensuite, je vais détailler comment cela fonctionne avec le noyau de l'atome, avec les électrons autour de l'orbitale, comment on voit les nuages de probabilité. Ensuite, on embarque les différents stades de la matière. Comment cela se passe? Qu'est -ce qui se passe d'un côté, de l'autre, les détails? Ensuite, j'ai tous les éléments de la planète, selon leur abondance relative.

Cette petite fiche, qui a l'air très digeste et très confortable à apprendre, représente la majeure partie de ce que l'on a à apprendre, à mémoriser et à comprendre en secondaire quatre.

Est-ce qu'il y a plus d'informations que cela? Oui, mais une fois que l'on a cela, je peux recréer une fiche de Feymman pour approfondir chacun de ces éléments-là, mais en ayant une vision globale comme celle-ci. Après, si cela [00:13:00] devient quelque chose qui existe dans mon cerveau, attacher de la nouvelle information à cela va devenir très très simple et très très, très, très très facile.

La fiche de Feymman permet de comprendre la matière. Si je veux mémoriser, il faut que je comprenne avant de mémoriser. C'est vraiment la base, le fondement. Avec l'engagement cognitif, on comprend mieux comment fonctionne le cerveau. Il faut que je sache encoder efficacement, bien ça c'est une façon d'encoder. Les fiches de Feymman, vont permettre d'encoder pour comprendre.

Dans quelques minutes, vous allez trouver d'autres méthodes pour mémoriser efficacement. Puis même dans ces méthodes de mémorisation, je pourrai mettre des petites fiches de Feymman, elles marcheraient merveilleusement bien.

L'erreur qui est souvent faite, est de faire mémoriser avant que ce ne soit complètement compris. Normalement, tant que la compréhension n'est pas là, au complet chez les étudiants, on attend. [00:14:00] On va continuer de définir, de raffiner, de donner des détails, de raffiner notre fiche de Feymman. Une fois que cela est fait, là, il sera temps de s'engager cognitivement pour enfin mémoriser.

Évidemment, avec les fiches de Feymman comme avec n'importe quelle méthode, on peut donner tout cru dans le bec à l'étudiant. Mais est-ce que c'est vraiment ça, l'engagement? Je pourrai leur fournir des fiches de Feymman avec des trous, avec plein de détails qui manquent. Mais encore plus efficace, pour voir s'ils ont bien compris, je peux leur faire faire une fiche de Feynman, que je vais ensuite les faire raffiner, jusqu'au point où l'on puisse comparer, que chacun puisse prendre le meilleur de chaque fiche et faire une super fiche de Feymman.

L'engagement dans la compréhension, c'est d'être soi-même en mesure d'être capable de prendre toute l'information, de la comprendre suffisamment, de la digérer suffisamment pour être en mesure de la réexpliquer. Et c'est à ce niveau-là que la fiche de Feymman [00:15:00] est vraiment extraordinaire.

Alors pour vous souvenir, c'est un des meilleurs outils pour faciliter la compréhension chez l'enfant, chez l'adulte, chez les aînés, et c'est aussi un outil phénoménal de faire créer un tel type de fiche pour engager cognitivement au maximum l'étudiant dans sa compréhension avant que ce ne soit le temps de la mémorisation.