Aujourd’hui, tu vas à l’école pour la toute première fois. C’est une belle école pour les enfants à la peau noire. Tu marches toute excitée au côté de maman. Tu as des papillons dans le ventre. Tu as un peu peur, car tout est nouveau. Tu dis au revoir de la main à maman. Tu sais que tout va bien aller. Tu vas apprendre plein de choses intéressantes.
Tu montes les escaliers de l’école. Tu suis les autres enfants dans les couloirs. Là, voilà ta classe. Tu y entres et t’assois derrière un pupitre. C’est différent de l’école à la maison avec maman. Ici, il y a beaucoup d’autres enfants. Le professeur pose une question. Tu lèves la main pour répondre. C’est important de donner ton point de vue, de dire ce que tu penses. Tu te mets debout et tu réponds. Certains enfants sont en désaccord. Ils pensent différemment de toi. Tu comprends que chacun peut avoir son propre point de vue. Chacun peut dire ce qu’il pense et en a le droit.
À la fin de la journée, maman vient te chercher. Tu marches pour retourner à la maison. Il fait très chaud. En chemin, tu demandes à maman de t’acheter une crème glacée à la vanille. Elle refuse. Tu t’arrêtes et face à elle, tu insistes : tu veux une crème glacée. Elle refuse encore. Tu baisses la tête, tu es un peu fâchée. Tu veux une crème glacée maintenant. Les yeux fermés, tu respires pour te calmer. Tant pis, tu mangeras une crème glacée une prochaine fois. Au moins, tu dis ce que tu veux. À la place, tu bois un peu d’eau. L’eau rafraîchit aussi, même si la crème glacée a meilleur goût !
Des années ont passé, tu es maintenant adulte. Tu mets ton manteau. Tu sors du travail. Tu marches jusqu’à l’arrêt de bus. Le bus s’arrête brusquement devant toi. Tu montes les marches à l’avant du bus. Tu paies ton billet. Tu redescends pour passer à l’arrière comme toutes les autres personnes noires. C’est la loi : les noirs doivent monter à l’arrière du bus et laisser leur siège aux blancs. Même si tu es en désaccord avec cette loi, tu montes à l’arrière du bus.
Tu regardes les gens assis dans le bus. Les blancs à l’avant et les noirs à l’arrière. Tu secoues la tête, c’est injuste, les règles sont différentes pour les blancs et les noirs. Tu trouves un siège libre dans la section réservée aux noirs. Tu t’assieds. Le bus démarre. Tu poses ton sac à tes pieds. Tu veux dire ce que tu penses de cette injustice. Mais tu as peur de te faire insulter.
Le bus s’arrête. Tu prends ton livre dans ton sac. Tu vois un homme blanc debout dans l’allée. Il te regarde, il veut ta place. Tu ouvres ton livre et tu l’ignores. Le chauffeur te demande de céder ta place. Des passagers te regardent méchamment et te crient après. Tu te pousses près de la fenêtre. Tu fais une place à côté de toi. L’homme refuse de s’assoir. Le chauffeur t’ordonne alors de changer de siège.
Tu déposes ton livre dans ton sac. Les gens crient encore plus fort. Tu te redresses et t’adosses. C’en est assez ! Tu décides de t’affirmer, de dire ce que tu trouves injuste. Tu passes la main sur ta jupe. Après tout, tu as le droit d’être assise comme tout le monde. Tu croises les bras. Les gens n’arrêtent pas de te crier après. Tu respires profondément. Tu veux rester calme. Pour faire entendre ton point de vue, tu dois t’affirmer calmement, sans violence.
Tu tournes la tête. Tu regardes le chauffeur droit dans les yeux. Aujourd’hui, tu lui dis ce que tu penses. Les règles doivent être pareilles pour tout le monde. Tu prends une bonne respiration. Tu pousses les fesses jusqu’au fond du banc. Tu restes à ta place. Le chauffeur appelle les policiers pour te sortir du bus. Tu regardes par la fenêtre. Un policier arrive. Le cœur bat vite. Tu tiens le banc avec les mains. Tu as un peu peur. Tu redresses le dos. Tu le sais, c’est la bonne chose à faire.
Tu exprimes ton point de vue calmement. Tu passes la main sur ta jupe. Tu regardes le policier avancer vers toi. Il te demande de te lever, tu obéis. Tu avances entre les bancs et descends du bus. Beaucoup de gens te regardent et te crient après. Ils sont vraiment fâchés. Mais tu es dans ton droit, tu le sais ! Tu t’arrêtes devant la voiture de police. Tu te tiens droite, la tête relevée. Tu regardes chaque personne dans les yeux. Tu es fière d’avoir dépassé ta peur, d’avoir exprimé calmement ton point de vue. Tu prends une bonne respiration. Tu souris, tu es contente.
Tu t’appelles Rosa Parks et aujourd’hui tu t’es affirmée. Tu as dit ce qui est important pour toi. Une place égale pour tous les humains.