Tu es en retard. Tu t’es bien amusé hier soir, mais maintenant tu cours dans la rue. Tu vois enfin l’entrée de la salle des spectacles. Ouf, tu te faufiles le plus vite possible, au travers d’une foule compacte. Tu avances difficilement vers l’entrée principale.
En plus, tu sens le poids lourd de ton sac à bandoulière sur l’épaule. Tes appareils photo, tes filtres et tes flashs sont pesants, l’épaule te fait mal. Vite, tu te faufiles entre deux fans excités. Oh zut, ton sac est coincé ! D’une main, tu le tires et le replaces rapidement sur l’épaule.
Tu arrives, essoufflé devant le portier, tu lui tends vite ta carte de reporter. Il te fait signe de passer le cordon de sécurité. Ouf, tu es soulagé. Tu entres enfin dans le hall d’entrée. Il y a beaucoup de monde ici. Tu étires le cou pour voir la salle plus loin. Elle est déjà pleine et les musiciens se préparent à entrer en scène.
Tu soupires, ça va être difficile d’aller au pied de la scène pour avoir de bonnes photos de l’artiste. C’est la vedette de l’heure et tu le sais. Une seule bonne photo peut t’assurer la UNE d’un journal ! Soudain, quelqu’un te pousse dans le dos, tu trébuches vers l’avant et ton sac glisse. NON, tes appareils !
Tu rattrapes de justesse ton précieux sac. Ouf, juste à temps ! Tu te relèves, le cœur bat fort, mais tes appareils sont indemnes. Vite, tu passes la bandoulière de ton sac autour du cou. Bon, c’est mieux ainsi. Zut, tu réalises que tu as soif. Tu avales la salive, tu as la gorge vraiment sèche.
Tant pis, pas le temps de trouver une bouteille d’eau. Nerveusement, tu reprends ton expédition à travers la salle bondée. Ça y est, le spectacle commence. C’est la cohue ! Tu vois les spectateurs lever les bras et sauter d’excitation. Tu arrives tant bien que mal à avancer. Aïe ! tu reçois des coups…
Tu es encore beaucoup trop loin et mal placé, car certains spectateurs ont grimpé sur les épaules de leurs amis. Tu regardes partout autour de toi. Là, un peu à l’écart, tu aperçois de gros caissons. Tu te faufiles pour les atteindre. Ce sont des haut-parleurs très puissants. La musique est vraiment forte ici !
Tu grimaces, tu as mal aux oreilles et tu ressens fortement les vibrations au plexus, au milieu de la poitrine. Tant pis, tu grimpes sur les caissons, au moins, d’ici, tu peux entrevoir la scène. Tu sors vite ton meilleur appareil, tu fais la mise au point. Tu es stressé, tu essayes de concentrer ton regard sur la vedette, mais tu es distrait par tout ce qui se passe autour de toi.
Tu grognes d’énervement, le caisson résonne tellement fort ! Le plexus vibre, les mains vibrent et l’appareil photo vibre ! Découragé, tu fais de ton mieux, tu prends des photos. Le lendemain, tu regardes tes photos. Tu es déprimé, elles ont été rejetées. Effectivement, tes prises de vue sont mauvaises, décentrées et prises de trop loin.
Tu soupires. Ici, le sujet est inintéressant...Mais pourquoi avoir pris dix photos d’un seul musicien ? Tu soupires profondément. Sur celles-ci, la mise au point est inadéquate, la vedette est floue et les musiciens sont nets. Et sur celle-là, il y a beaucoup trop de lumière.
Tu attrapes le journal, tu contemples la photo qui fait la UNE. Tu es d’accord, elle est vraiment parfaite ! Soudain, tu écarquilles les yeux. Là, en arrière-plan de l’artiste, juste derrière le garde du corps qui a le bras tendu, tu te vois sur la photo, lorsque tu rattrapes ton sac dans le hall d’entrée !
« NON ! », dis-tu en jetant brutalement le journal. Tu as manqué la vedette qui était juste à côté de toi ! Tu rages de colère. C’est décidé, tu veux apprendre de tes erreurs. La semaine prochaine, tu fais le plus important contrat de ta carrière. Tu es LE photographe officiel du mariage de ton frère.
Tu respires profondément. Cela te tient vraiment à cœur, tu veux faire un travail PAR-FAIT ! Tu décides de te préparer d’avance, et tu pars vite visiter les lieux. Tu fais du repérage, tu regardes où sont les meilleures prises de vues. Tu notes les endroits dans ton calepin.
« Alors ici pour les vœux… Sous cet arbre, pour les photos de famille. À 14 heures, la lumière y sera idéale ! Ici, pour le repas… et là pour la première danse ! » Tu souris, tu es content de ton repérage. Ça y est, demain c’est le grand jour !
Tu prépares ton matériel. Tu ouvres ton sac à bandoulière, et tu transfères tous tes appareils dans un solide sac à dos. Ainsi, le sac sera bien installé sur les épaules. Tu enfiles le sac à dos, côté ventre. Tu souris, le poids est bien réparti, et sur le ventre, tu accèdes à tout sans retirer le sac.
C’est PAR-FAIT ! Tu ranges dans ton sac une bouteille d’eau fraîche. Tu sais que la concentration nécessite une bonne hydratation ! « Ah, c’est vrai ! » te dis-tu en levant le doigt. Tu ouvres un tiroir et prends des bouchons d’oreilles, juste au cas où la musique serait trop forte.
« Maintenant, au lit, pour une bonne nuit de sommeil ! » Tu règles ton réveille-matin. Tu es arrivé bien à l’avance pour la cérémonie. Tu es très concentré sur ton travail. Tu es content, ta préparation est vraiment parfaite. Les jeux d’ombre et de lumière, les multiples prises de vues…
Tu es très fier de toi, et tu sais, sans même voir les photos, qu’elles seront parfaites ! Tu es à l’affût de tous les évènements mémorables de la cérémonie. Soudain tu ris, hi hi hi… Eh oui, mamie ! Le dentier qui tombe dans le gâteau sera immortalisé !