Tu pousses les roues avec les bras pour faire avancer le fauteuil jusqu’au salon. Tu as les bras très musclés. Tu t’es habitué à vivre comme ça. Bon, c’est l’heure de l’entraînement ! Tu te plies en deux pour attraper le ballon de basket par terre, du bout des doigts, aaaah, ça y est, tu l’as ! Tu poses le ballon sur les genoux. Tu roules vers la table pour prendre ton sac à dos. Tu te tournes d’un côté, puis de l’autre pour l’accrocher sur le fauteuil. Ouf ! Voilà.
Tu roules maintenant vers la porte d’entrée. Tu avances sur la plateforme de l’ascenseur et tu fermes la porte. Tu appuies sur le bouton de l’ascenseur pour descendre les quelques marches. Ça y est, te voilà dans la rue. Tu agrippes les roues du fauteuil et tu pousses vers l’avant. Tu avances sur le trottoir, le ballon sur les genoux. Comme d’habitude, les gens te regardent, parfois gênés. Tu entends quelqu’un qui chuchote à son ami. Il doit encore se dire : « Oh, le pauvre ! » Tu soupires.
Tu croises son regard. Il détourne les yeux, comme d’habitude. Bof, ça ne te dérange plus, ou presque. Il descend du trottoir pour te laisser passer. Tu le remercies d’un signe de tête. Tu es content d’aller à l’entraînement avec les copains. Tu continues d’avancer en poussant sur les roues. Ouf, ça grimpe un peu plus ici ! Tu agrippes les roues et pousses fort avec les bras. Les épaules forcent un peu plus. Tu commences à transpirer, tu t’essuies le front.
Ah, non ! Des travaux ! Le trottoir est impraticable. Impossible de passer ! Grrr ! tu es contrarié. Allez, tu sais ce que tu as à faire. Tu rebrousses chemin. Tu retournes en arrière jusqu’à la rue précédente. Tu attends que le feu passe au vert. Waouh, elles passent vite ces voitures ! Ça y est, tu peux traverser, c’est vert. Tu pousses vite sur les roues pour traverser. Ah ! Une roue percute un caillou ! Le ballon tombe sur la route. Nooon !
Comment faire pour le récupérer rapidement et sans danger ? Tu pousses sur les roues pour aller le chercher. Une voiture tourne et te frôle, aaaaah ! Tu pousses fort sur les roues pour l’éviter ! Puis tu t’arrêtes net, terrorisé ! Tu as très peur ! Tu es pétrifié, tu restes totalement immobile. Tu revois le jour de l’accident. Les souvenirs douloureux se bousculent dans la tête. Tu as le cœur qui bat la chamade. Tu ravales un sanglot, les yeux fermés, bouillant de rage... Tu reprends ton souffle du mieux que tu peux.
Tu rouvres les yeux et évalues la situation. Tu es en plein milieu de la route, et le ballon est de l’autre côté. Arrrrgh ! Oh ! Tu vois un enfant qui le ramasse pour toi ! Tu secoues la tête et reprends tes esprits. Tu bouges enfin et pousses fort sur les roues pour avancer vers l’enfant. Il te donne le ballon, un peu gêné. Il t’observe. Il finit par te sourire. Tu le remercies chaleureusement, soulagé. Tu coinces le ballon entre les cuisses en espérant qu’il tiendra bien cette fois. Tu jettes un coup d’œil en arrière pour vérifier que l’enfant est en sécurité. C’est bon. Tu es rassuré.
Tu pousses fort sur les roues pour atteindre le trottoir. Ouf ! Quelle frousse ! Tu te remets à rouler. Pfff, ce trottoir-là aussi est abîmé. Mais moins que de l’autre côté. Tu penses que tu peux y arriver, le trou est peu profond. Tu tentes de rouler dessus et... Ah, nooon ! Tu es coincé ! Tu forces avec les bras pour essayer de te sortir de là. C’est vraiment difficile, tu transpires. Personne ne vient t’aider. Les gens continuent leur chemin. Allez, un dernier effort... Ah ! Ouiiii, enfin, tu as réussi ! Ça te servira d’échauffement pour le match, eh eh !
Tu hausses les épaules... il vaut mieux en rire. Tu as perdu un peu de temps. Mais de toute façon, tu pars toujours en avance en cas d’imprévus comme ceux-là. Tu vois le terrain de basket là-bas, ça te redonne le sourire ! Tu roules plus vite, tu as hâte d’arriver. Tu traverses la rue à nouveau, en regardant bien à droite et à gauche. Et encore une fois, pour être sûr. Un peu stressé, tu fais attention. Tu regardes encore. C’est bon, tu as le temps. Tu as hâte d’arriver !
Les copains sont déjà là, tous en fauteuils roulants, comme toi. Tu leur souris. Vous vous tapez dans les mains. Hé hé ! Tu es content de les voir. Tu te tords pour attraper ton sac et sortir une bouteille d’eau. Tu bois une grande gorgée. Aaaah ! Et tu files sur le terrain. C’est parti ! Un ami te lance le ballon, tu l’attrapes. Tu prends un élan en poussant les roues. Et hop, tu dribbles. Tu repousses sur les roues, tu dribbles à nouveau. Tu es bien placé pour tenter de marquer un panier. Tu te concentres sur le cercle en acier. Tu vises bien et... tu lances le ballon !
Ah ! Dommage ! Pas assez haut. Un adversaire attrape le ballon, il le lance à son coéquipier. Tu lèves les bras pour intercepter le ballon. Tu l’as ! Tu coinces le ballon entre les genoux. Tu pousses fort sur les roues pour te rapprocher du panier. Tu vises bien, tu lances et… panier ! Ah ah ! Tu es vraiment content ! À force de t’entraîner, tu es devenu un bon joueur de basket. Malgré ton handicap, tu as trouvé un sport qui te passionne et que tu adores. Tu tapes dans la main de ton coéquipier. Et c’est reparti pour le match !