Tu as 5 ans. Tu entends papa jouer du piano.
Ça te rend heureux, tu aimes beaucoup la musique.
Tu marches vers le piano dans le salon. Tu t’approches de l’instrument, excité.
Tu grimpes sur le banc à côté de papa. Il te montre comment jouer du piano.
Tu mets les doigts sur les touches du piano et tu joues.Tu es très doué, tu apprends vite.
Tu adores la musique. Tu ressens la musique dans tout le corps.
Tu frissonnes de plaisir et tu souris. Tu continues de bouger les doigts sur les touches.
Tu vibres avec les notes.Papa dit : « Tu as un don pour la musique. »
Tu grandis. Tu as maintenant 8 ans. Tu tiens une partition dans les mains.
C’est le cahier où les notes sont écrites. Tu lis les notes sur le papier.
Les yeux suivent les notes sur la partition. Tu entends la musique dans la tête.
Tu ondules la tête au rythme de la musique.
Tu poses la partition sur le piano, comme un livre ouvert. Tu t’assois sur le banc.
Tu poses les doigts sur les touches et tu commences à jouer.
En même temps que tu lis les notes, tu bouges le corps au rythme de la musique.
Un homme entre dans la pièce. C’est un grand musicien. Il s’appelle Mozart.
Tu as 8 ans et il a 22 ans. Tu te lèves. Tu te sens gêné devant lui. Tu regardes par terre.
Tu veux lui montrer que tu joues bien. Tu te rassoies devant le piano.
Tu mets les doigts sur les touches. Tu sens ton cœur battre fort. Tu fermes les yeux.
Tu souffles un grand coup. Et tu joues. Tu joues. Tu joues merveilleusement bien, comme si la musique te sortait des doigts.
Mozart écoute la belle musique. Il est impressionné par ton talent, il t’applaudit. Tu te sens vraiment fier.
Tu grandis. Tu as maintenant 17 ans. Tu serres la main d’un homme. C’est ton nouveau professeur de piano.
Tu pars en Autriche avec lui, pour apprendre à jouer mieux encore. C’est loin, l’Autriche.
Tu prends ta valise, tu serres maman dans les bras. Tu es triste de la quitter. Tu lui dis au revoir.
Tu essuies les larmes et tu pars pour l’Autriche.
Tu as maintenant 22 ans.
Tu es devenu très bon pour jouer du piano et pour composer de la musique, inventer de nouvelles mélodies.
Tu prends un crayon. Tu imagines une nouvelle mélodie, un nouvel air de musique.
Les yeux fermés, le crayon aux lèvres, tu entends bien chaque note dans la tête.
Tu vois des couleurs dans chacune d’entre elles.
Tu lèves le crayon comme une baguette de chef d’orchestre, au rythme de la musique, et tu écris les notes sur la portée, les petites lignes sur la partition.
Tu joues la mélodie au piano et tu écris les notes sur la portée à une vitesse incroyable.
Tu es passionné. Tu remplis la partition avec de nouvelles notes de musique.
Tu composes de nombreuses nouvelles musiques, encore et encore, pendant des heures, des jours, des années.
Tu es un grand compositeur de musique classique. Tu marches dans une grande salle de spectacle.
Tu montes sur la scène. Tu vas jouer du piano. Ouf, il y a beaucoup de monde.
C’est le silence total dans la salle. Les gens sont là pour t’écouter. Tu tires le banc. Tu t’assois en silence.
Tu poses les doigts sur les touches du piano. Tu souffles un grand coup pour te recentrer, et tu joues, tu joues.
Tu laisses la musique sortir de toi par les doigts. Les larmes coulent sur les joues tellement tu es ému.
Tu joues. La musique est belle. Les gens dans le public pleurent aussi tellement c’est beau.
Un jour, tu as mal aux oreilles. Tu mets les mains sur les oreilles. Tu as une maladie.
Tu vas bientôt devenir sourd. Tu ne pourras plus entendre. Tu es très triste, tu as peur.
Tu aimes tant entendre les mélodies, les harmoniques, les vibrations, alors tu écris, écris, écris le plus possible,pendant que tu entends encore.
Tu composes de nouvelles mélodies avant qu’il soit trop tard.
Tu vieillis. Tu as maintenant 44 ans. Tu es devenu totalement sourd.
Tu veux rester seul.
L’oreille posée sur le piano, tu composes encore de nouvelles musiques, grâce à la vibration et à ton talent incroyable.
La musique est en toi.
Malgré tout, et avec toutes les œuvres musicales que tu as composées, les gens se souviendront toujours de toi.