Tu es dans un œuf. L’œuf est collé sous une feuille. C’est une feuille d’asclépiade. Tu es si petit, on arrive à peine à te voir. Tu es gros comme une tête d’épingle. Immobile, tu attends d’être plus grand. Tu entends un drôle de bruit. Plic ploc ! Il pleut. Le vent souffle. Wouuuh wouuuuh. Tu es balancé de tous les côtés. Tu risques de tomber et de mourir. Tu as peur, tu trembles. Sur 100 œufs comme toi, un seul deviendra un papillon adulte.
L’orage s’en va. Tu te berces doucement. Tu aimes le calme. Tu grandis, grandis. Tu es maintenant une chenille. Tu commences à avoir faim, très faim. Tu veux sortir de l’œuf. Tu commences à le manger. Tu fais un petit trou. Miam miam ! La coquille de l’œuf a bon goût. Tu continues à manger la coquille. Tu as faim, tu as toujours faim. Tu ne peux pas voir, tu es aveugle. Tu sens l’odeur de la feuille d’asclépiade. Mmmm ! Tu commences à manger la feuille. Miam, c’est bon ! Tu manges et tu manges. Tu grossis et grossis. Et tu manges, et tu grossis.
Tu as tellement grossi que la peau est devenue trop petite. Tu es serré, comme dans un vêtement trop petit. Tu arrêtes de manger. Tu dois muer, quitter la peau. Elle est trop petite. Tu en as une nouvelle en dessous. Cric crac ! La peau sur le dos se déchire. Ça chatouille un peu. Tu te trémousses pour sortir. Tu rampes pour te débarrasser de la vieille peau. Tu n’en as plus besoin. Et hop ! Tu sors de la peau. Tu marches lentement. Tu as faim, très faim. Tu manges encore et encore.
L’asclépiade est une plante toxique. Si on en mange, on peut mourir. Mais pas toi ! Toi, tu peux la manger sans danger. Tu manges et tu manges. Tu grossis. Cui cui cui cui ! Oh ! Un oiseau. Cui cui ! Tu restes immobile. Tu as peur. L’oiseau peut te manger. Cui cui ! Tu retiens ton souffle. Cui cui ! Il s’en va, hourra ! Tu es toxique, toi aussi. Comme tu manges les feuilles d’asclépiades, le corps devient toxique. Les oiseaux ne peuvent pas te manger. Youpiii ! Tu as faim. Tu manges, tu grandis, grandis. Tu dois encore changer de peau, muer. Tu restes immobile. Crac crac ! Tu tires, bouges, rampes. Et hop ! Tu sors de la peau. Ça t’a donné faim. Tu manges encore et encore. La feuille d’asclépiade est pleine de trous. Tu manges et tu grandis. Les jours passent. Tu n’as plus faim.
Tu dois maintenant trouver un bon endroit, un endroit sécuritaire. Tu décides de grimper. Tu grimpes, tu montes. Tu t’accroches à tout ce que tu touches. Plus haut, tu grimpes encore. En haut, sous une feuille, tu tisses un petit coussin de soie. Tu t’accroches la tête en bas, comme un J. Tu plies la tête. Immobile, tu attends. Tu deviens une chrysalide. La peau commence à durcir. Tu restes immobile. C’est un peu comme si tu étais enroulé dans une couverture. Ta chrysalide devient dure. Tu es bien, tu es protégé. Tu restes immobile. Ton corps se transforme, pour devenir un papillon. Sans bouger, tu te transformes. Tu es encore immobile.
Tu es prêt à sortir. Près de la tête, il y a un petit trou. Tu bouges doucement la patte. Tu la mets dans le trou. Tu tires pour agrandir le trou. Tu tires encore. Tu mets l’autre patte dans le trou. Tu tires très fort. Hop ! La tête sort. Tu pousses, tu bouges. Tu sors lentement de l’enveloppe. Tu tires, tu pousses, tu bouges. Tu t’accroches sous une feuille. Tu attends. Tu te regardes le corps. Wouah ! Tu es très beau. Tu as des ailes orange. Tu es devenu un papillon.
Tu te balances doucement. Les ailes sont froissées, toutes pliées. Tu déplies les ailes. Tu les étires. Les ailes doivent durcir avant de pouvoir voler. Enfin, tu es prêt à t’envoler. Tu plies les pattes. Tu bouges les ailes. Lentement, puis plus vite. Tu t’envoles. Le soleil te réchauffe. Tu es bien. C’est le début d’un grand voyage !